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Histoire d’un Marathon des Sables

Par Monika NICOLLE

Monika NICOLLE Histoire d'un Marathon des Sables.

[dropcap custom_class= »normal »]Vous savez tous ce qu’est un marathon et bien entendu les médias sont là pour vous le rappeler dès qu’il s’agit de marathons tels que le marathon de Paris, New-York ou Chicago…[/dropcap]

Dans tous ces marathons, la distance parcourue reste immuable soit : 42, 195 km

Et pour la petite histoire pourquoi un tel chiffre quand on sait qu’à l’origine il faut remonter dans l’antiquité en -490 avant Jésus-Christ pour trouver trace du premier marathon de l’histoire.

C’est l’histoire d’un messager grec, nommé Phidippidès, qui aurait couru de la ville de Marathon jusqu’à Athènes, pour annoncer aux citoyens la victoire des Grecs sur les Perses lors de la bataille de Marathon durant la 1ère Guerre Médique.

L’histoire raconte qu’en arrivant à Athènes, le messager, épuisé d’avoir couru d’une traite les 40km qui séparent les deux villes, auraient délivré son message, avant de mourir d’épuisement.

Lors des premiers Jeux olympiques modernes, organisés en 1896 à Athènes les concurrents retenus ont donc couru un marathon en hommage à la course de Philippidès sur une distance de 40 km.

Mais alors pourquoi 42.195 km?

C’est en 1908, lors des Jeux Olympiques de Londres que la famille royale anglaise voulait commencer la course au château de Windsor et la terminer dans le stade de White City.

26 miles séparaient Windsor de ce stade olympique (41,84 km). Mais 385 yards ont étés ajoutés à l’exigence de la dynastie d’Édouard VII pour que la course puisse se terminer à leurs pieds, devant la loge du stade qui leur était réservée.

Le nouveau parcours ainsi modifié mesurait… 26 miles et 385 yards, soit 42,195km !

Suite à cette modification, de nombreux débats eurent lieu, et la distance officielle fut définitivement validée à 42,195 km en 1921.

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Même si la distance reine de la course à pied reste un marathon de 42,195 km et que l’engouement autour de cette discipline ne faiblit pas, il est des gens que ce marathon ennuie. Trop commun, trop facile.

Alors, certains souhaitent pousser encore plus loin les limites de leurs corps et ceux-là se penchent vers l’étape supérieure : l’ultra marathon.

Parmi ces « ultra » avez-vous déjà entendu parler du Marathon des Sables ?

Extrêmement respecté par les marathoniens aguerris, depuis 1986, le légendaire MDS a longtemps tenu sa place du marathon les plus durs au monde.

Course de 245 kilomètres à travers le Sahara marocain, sa difficulté particulière réside dans la distance et les conditions extrêmes. Car cette épreuve mythique se déroule sur sept jours et représente l’équivalent de six marathons en une semaine. Devenue populaire au cours des années, cette course rallie de plus en plus de participants venant d’une trentaine de pays différents.

Pour vous parler de ce marathon, j’ai rencontré Monika NICOLLE.

A travers son histoire, j’aimerai vous faire découvrir le profil d’une femme dont le challenge fut de courir le Marathon des Sables : parfois sous des températures atteignant les 52 degrés Celsius, encaissant la douleur des ampoules aux pieds causées par le sable s’engouffrant dans ses guêtres, traversant les dunes en pleine nuit à la lueur de sa torche frontale, se repérant dans le désert à l’aide de sa boussole, esquivant les scorpions tapies dans le sable brulant, comptabilisant ses pastilles de sel pour devancer la déshydratation…

Mais pas seulement, car si un marathon classique se court avec pour seule contrainte un dossard enfilé sur un T-Shirt, l’autre spécificité de cette course réside dans le fait que les coureurs sont en autosuffisance.

C’est alors une charge de 14,00 kg que Monika portera sur ses épaules durant tout son périple. Les repas lyophilisés, les barres énergétiques, le réchaud, la casserole, les vêtements, le sac de couchage, le matériel de survie et ses bidons de boisson reconstituée d’électrolyte. Son autosubsistance dépendra uniquement de son anticipation à avoir tout préparé dans les moindres détails. Sur place, elle ne pourra compter que sur le contenu de son sac à dos !

L’organisation ne fournit que l’eau, entre 10 à 12 litres par jour suivant les étapes.

On se dit tout de go, mais pourquoi une telle souffrance ?

Oui en effet, qu’est-ce qui pousse une mère de trois enfants, ex trader dans la finance, pas franchement sportive jusqu’à ce jour, à se lancer un tel défi ?

Monika m’explique que jusqu’à ses 45 ans elle n’avait jamais couru auparavant. C’est en voyant son mari s’entrainer pour le marathon de Chicago qu’elle découvre cette ténacité à parcourir des dizaines de kilomètres à longueur de semaine pour se mettre en condition. Pour autant, elle ne comprend pas vraiment où peut-on tirer du plaisir à courir de la sorte sous n’importe quel temps ?

C’est à Chicago, le jour « J » alors qu’elle est présente pour soutenir son mari, qu’une réalité lui saute aux yeux. Parmi tous ces participants, un nombre impressionnant d’hommes et de femmes de tous âges et de toutes conditions physiques relèvent le défi !

Elle entrevoie alors qu’il ne faut pas forcément être un athlète de haut niveau pour courir un marathon et l’envie du challenge fait très vite chemin dans sa tête.

Car Monika aime les défis ! Elle le relèvera l’année suivante à Chicago même sur une durée de 5 heures, mais aussi à New-York l’année d’après en 4h30 mn. On est loin d’être dans les temps record mais son objectif est atteint.

Je demande à Monika ce qui l’amène à s’intéresser au Marathon des Sables quand la majorité des coureurs chevronnés se contentent de recourir les mêmes marathons tous les ans ?

« J’ai toujours eu besoin de me mettre en challenge avec moi-même, j’aime me fixer des buts à atteindre. Le marathon des sables j’en avais entendu parler, mais pas seulement.

Lorsque j’étais jeune, mon père me racontait son enfance dans le désert algérien. Il me décrivait cette période de sa vie avec beaucoup d’anecdotes, mais surtout beaucoup de nostalgie. Car les évènements de la guerre d’Algérie les obligent à quitter ce pays pour se réfugier à Casablanca au Maroc. Et c’est là que je suis née…

Alors courir un marathon dans le désert marocain, je crois que je ne l’aurais pas fait si une partie de ma vie n’était pas étroitement liée à cet environnement ».

Quel âge aviez-vous lorsque vous vous retrouvez au départ de cette course dans les dunes de Merzouga ?

« J’avais 48 ans. Je laissais derrière moi à New-York où nous vivions, mon mari et mes trois enfants. Et je dois avouer que lorsque je me suis retrouvée à l’aéroport de John-F-Kennedy pour le grand départ, face à mon mari qui me faisait ses adieux, j’étais plutôt penaude !

Après un an d’entrainement sur le bitume newyorkais et de longs mois de préparatifs pour mon autosubsistance, c’est avec ma petite famille que j’avais partagé tout ce que je m’étais imposé comme contraintes sportives et alimentaires.

Ils s’étaient tant amusés de me voir dormir à même le sol dans mon sac de couchage pour tester l’inconfort qui m’attendait, ou de courir des heures sur mon tapis de course avec un sac à dos de 10 kg sur les épaules. C’est aussi avec eux que nous avions testé les repas lyophilisés pour faire mes choix définitifs.

L'entrainement de Monika sur son tapis de course dans sa maison de New-York.

L’entrainement de Monika sur son tapis de course dans sa maison de New-York.

Je savais qu’ils étaient tous inquiets pour moi mais aussi si fiers ».

En lisant votre livre « Histoire d’un marathon des Sables », on comprend que ce qui vous cause le plus d’embêtements c’est la préparation de ce fameux sac à dos. Pourquoi ?

« Déjà le problème que j’ai rencontré c’est que je n’avais aucune indication réelle de ce que devait contenir ce sac ! Enfin si, sac de couchage, couverture de survie, un réchaud, aspi-venin, boussole, sifflet …ok pour ces choses élémentaires.

Mais définir à l’avance la quantité de repas et le nombre de calories par repas en prévision de l’effort fourni, le choix des chaussures, du sac à dos etc… avec d’autres choses qui prennent une très grande importance lorsque l’on se retrouve dans ces conditions climatiques à savoir très chaud la journée et extrêmement froid la nuit.

Préparatifs du sac à dos et de son contenu.

Préparatifs du sac à dos et de son contenu.

Personne n’en parlait nulle part sur les forums destinés à ce marathon. Je me suis sentie assez démunie face au manque d’information et j’ai tout envisagé par moi-même dans les moindres détails.

C’est d’ailleurs ce qui m’a donné l’idée d’écrire ce livre par la suite, dans lequel une bonne partie est consacrée aux préparatifs de ce marathon. Il y avait un vide à ce niveau-là, pour lequel j’ai considéré qu’il était nécessaire que les néophytes puissent puiser des recommandations et des conseils en la matière ».

Dans votre récit, vous décrivez parfaitement les conditions difficiles de ce marathon. Le lecteur est réellement immergé dans l’atmosphère de ce Sahara hostile et magnifique à la fois. Qu’est-ce qui a été le plus dur sur place ?

« Les campements sont extrêmement sommaires. A chaque étape, l’organisation dresse des tentes caïdales (tentes berbères) avec seulement quelques tapis typiques à même les cailloux. Ces habitacles de fortune constitués de bâches noires soutenues par des bâtons en bois, sont ouverts sur les côtés laissant s’engouffrer le froid et le vent. Certains soirs de fortes tempêtes, ces tentes s’effondraient sur nous.

Campement - Tente Caïdale

Campement – Tente Caïdale

Mais aussi, ce qui a été terrible pour moi, c’était mes pieds ! Dès la première étape de 31,6 kilomètres, j’ai été confrontée à des cloques très douloureuses. Malgré les guêtres que j’avais fait coudre sur mes chaussures de marche, le sable s’engouffrait quand même.

Mais c’est bien la difficulté de ce marathon et des infirmeries sont prévues pour çà entre autre à chaque fin d’étape. Je me suis retrouvée dès le premier jour avec les pieds bandés dans mes chaussures.

A la fin de ce marathon, je ne pouvais plus poser les pieds à terre et j’avais perdu plusieurs ongles ».

Les pieds de Monika NICOLLE bandés à cause des ampoules.

Les pieds de Monika NICOLLE bandés à cause des ampoules.

Dans ce marathon de 800 participants, vous mentionnez que 700 coureurs sont des hommes pour seulement 100 femmes. On sait qu’il y a chaque année des abandons pour épuisement, aviez-vous songé à abandonner, notamment avec la souffrance de vos pieds ?

« J’y ai vraiment pensé le 5ème jour lors de l’étape la plus longue soit : 75,5 km. Il y avait un tronçon de 46 km dans lequel nous attendaient trois cols de montagne à passer. Et j’entamais cette étape très amoindrie par mes pieds. La douleur était telle que j’en avais les larmes aux yeux. Je ne courais plus, je ne marchais plus, je boitais…

Ce qui est déprimant, c’est que tous les participants me dépassaient et très vite je me retrouve parmi les derniers. Et ce que j’appréhende, c’est de me retrouver seule la nuit dans le désert.

Il est 20 heures lorsque je m’effondre sous la tente du CP3 (Checkpoint). Ça fait 11 heures que je marche et il reste encore 11,5 kilomètres à parcourir de nuit pour ne pas être éliminée. Sur cette distance il y a le Djebel (col de montagne) à traverser. Je ne m’en sens plus la force…

A l’aéroport, mon mari m’avait dit : « Ne joue pas les héroïnes ».

C’est là que j’ai failli abandonner ! C’est grâce à un couple d’autrichiens qui passait devant le CP3 au moment où j’avais pris la décision d’arrêter que j’ai eu un regain d’enthousiasme et sauté sur l’occasion de me joindre à eux pour entamer ces 11,5 km. Ils avaient un pas rapide que j’avais du mal à suivre, mais ma seule préoccupation était de continuer à suivre ce couple dans ce désert froid et noir… ».

Monika Nicolle terminera cette vingt-troisième édition du Marathon des Sables et fera partie des quatre-vingt-six femmes qui franchiront la ligne d’arrivée. Elle aura gardé en fétiche pendant tout son périple la photo de ses enfants et de son mari épinglée sur son T-shirt.

L'arrivée après tant d'efforts !

L’arrivée après tant d’efforts !

Une seule phrase aura martelé ses pensées durant tous ces kilomètres.

« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles semblent difficiles. » SÉNÈQUE

 

La 33ème édition du Marathon des Sables se déroulera du 6 au 16 avril 2018 et réunira cette année environ 1300 participants pour une distance de 250 km. Les itinéraires ne sont jamais les mêmes et varient au cours des années. Pour cette édition, la plus longue étape sera de 80 km.

Le Marathon des Sables (cliquez sur le lien pour accéder au site).

 

 

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